Comment tombe-t-on sous la coupe d’un gourou thérapeutique?

Il y a trois phases successives:

La phase d’approche

Le message de l’organisation sectaire ne sera jamais: « Nous sommes une organisation sectaire, mais nous allons vous aider ». Le discours sera fondé sur des moyens d’approche plus subtils qui dissimulent l’appartenance à un mouvement à risque. Très variés, ces discours sont toutefois assez reconnaissables :

  • approche séduisante pour une offre de développement personnel, de spiritualité, de thérapie ;
  • promesse de perfectionnement personnel, de bonheur, d’amitié fraternelle ;
  • proposition de réconfort dans l’adversité ;
  • promesse de guérison par des médecines « parallèles » et « indolores »…

Ce n’est jamais le malade qui va vers le mouvement sectaire, mais c’est ce dernier qui vient vers lui, par différents procédés :

  • le bouche-à-oreille ;
  • la présence sur des forums ou des sites Internet ;
  • la remise sur la voie publique  de tests de personnalité gratuits;
  • l’envoi de prospectus à domicile ou leur diffusion dans certains magasins alimentaires ou de bien-être ;
  • la distribution de publications invitant à prendre contact avec tel centre de psychothérapie ou de remise en forme ;
  • la diffusion de publicités ou de messages sur certains forums ou dans des salons de santé et/ou de bien-être.

Les techniques sont multiples. Cette phase d’approche est « indolore ».

La phase de séduction

Celle phase est celle où l’on vante les mérites supposés de la méthode ou de l’appareil :

  • on présente des gens satisfaits et épanouis ;
  • on invite à une randonnée pour « détoxifier » en jeûnant ;
  • on met en avant des méthodes miracles pour des maladies graves ;
  • on vante les avantages de certaines pratiques comme moyen de « déstresser » ;
  • le mouvement sectaire ou le pseudo thérapeute va jusqu’à montrer des photographies de personnalités qui sont supposées avoir suivi les mêmes cures.

L’environnement sectaire est présenté comme étant chaleureux, familial, souvent proche de la nature et de considérations « environnementales » permettant «un retour aux sources».

La phase de soumission

Grâce à son offre de pseudo soin, le thérapeute sectaire va progressivement exercer une véritable emprise mentale sur son « patient ».

La relation va se baser sur l’admiration du patient envers son gourou, allant jusqu’à la soumission. Grâce à la sujétion psychologique qu’il exerce, le « dérapeute » va exiger des sommes de plus en plus exorbitantes, convaincre son patient de participer à des conférences, séminaires, retraites, cures…, parfois organisées à l’étranger. L’arrêt définitif du traitement conventionnel suit souvent cette phase. En cas de mise en cause de ses méthodes par les proches de la victime, il parviendra même à obtenir la rupture avec le milieu familial, amical ou professionnel de cette dernière.  C’est la dépendance totale.

Quelles sont les techniques de conditionnement le plus souvent employées ?

  • Période de fragilité repérée: deuil, chômage, échec scolaire, difficultés professionnelles, rupture sentimentale, maladie grave, vieillesse, solitude…
  • Flatterie : développement du potentiel exceptionnel de la victime, plein épanouissement dans le groupe, redécouverte de soi…
  • Peur : annonce de catastrophes personnelles ou générales (apocalypse),
  • Invitation à des séminaires avec soumission à l’autorité, exercices physiques extrêmes, nourriture insuffisante, privation de sommeil…
  • Confession publique : instillation de phobies, auto-accusation, chantage
  • Coupure avec le milieu d’origine pour bénéficier d’une « renaissance personnelle »
  • Impossibilité de poser des questions
  • Exigences financières allant jusqu’à l’endettement
  • Vie sexuelle régentée : mariages ou séparations imposés ; éventuellement inceste ou pédophilie, voire prostitution
  • Déracinement : géographique, culturel, linguistique ; confiscation des papiers d’identité ; attribution d’un nouveau nom
  • Dénigrement de la médecine conventionnelle sur fond de théorie du complot
  • Explication simpliste de processus complexes (le cancer du poumon est dû à la culpabilité du fumeur par exemple).

Ces techniques sont observées notamment dans les communautés thérapeutiques. Par exemple, un gourou avait créé dans le Sud Ouest de la France, une ferme destinée aux malades atteints de cancer. Il leur proposait une « thérapie par l’étreinte ».

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